Généralement, je ne stresse pas pendant une semaine sur un exposé.
Non, ça serait trop simple, si je stressais pendant une semaine je le ferais le lundi, je l’apprendrai les jours suivants et le vendredi je serais fin prête, même si je stresserais quand même.
Le stress, se traduisant chez moi par une tremblotte irrépressible et la répétition mentale du gimmick « oh mon Dieu », se déclenche environ 2 heures avant l’exécution en place publique l’échéance.
Comme il est un peu trop tard pour reprendre la totalité de mon exposé miteux, je me rassure comme je peux.
Donc je suis dûment maquillée (donc anticerne à la truelle et mascara pour agrandir le regard que déjà ça serait pas mal si j’ouvrais les yeux) pour cacher que je suis fatiguée, m’étant relevée au beau milieu de la nuit pour fignoler les derniers détails – lesquels, par conséquent, je n’ai pas appris.
J’ai mis ma petite robe préférée par dessus mon jean le plus confortable pour me sentir à l’aise sans ressembler à un cageot, avec mes converses parce qu’il faut que je me tape un sprint pour arriver à l’heure au cours suivant.
Et j’ai lancé un processus d’autopersuasion pour me convaincre que tout allait bien se passer, y a pas de raison (à part que je maîtrise pas mon sujet et que ce prof sadique se réjouissait d’avance de mon embarras à la minute où il a compris que je parlais et comprenais assez mal l’allemand.). Aujourd’hui, c’était à peu près ça :
« Bon, je suis une pauvre Erasmus solitaire loin de son foyer, ils vont avoir pitié être indulgents. »
J’ai écouté avec terreur le premier exposé. Excellent. Le pire étant que chacun, oui, chacun, moi comprise, devait donner son avis sur l’exposé « dans le but que son auteur s’améliore » (autrement dit, les compliments c’est mignon, mais les critiques c’est constructif). Je me voyais mal critiquer quoi que ce soit, étant donné qu’à chaque qualité que je lui trouvais, je savais que j’étais sur le point de faire exactement le contraire.
Elle savait provoquer le contact visuel.
Moi, vocabulaire oblige, j’allais avoir les yeux rivés au Powerpoint.
Son powerpoint était animé.
Ce que j’avais fait de plus élaboré, c’était un petit schéma amoureusement improvisé sur Photofiltre.
Elle avait une attitude corporelle ouverte.
J’avais les bras fermement croisés pour éviter de trembler.
Et surtout, sa présentation était intéressante.
La mienne, Habermas lui-même la trouverait barbante.
Advienne que pourra, je me suis lancée.
Le plus dur, c’est de commencer, et puis on parle, on parle, 20 minutes non stop remplies de fautes de grammaire, tant pis, surtout ne pas s’arrêter, ou c’est le blanc, et la dernière fois que ça m’est arrivé, c’était au bac blanc de l’oral de français, sur une question idiote, et mon camarade de classe qui préparait sa prestation pendant mon passage a eu un fou rire en entendant une chouette hululer.
Quand j’ai terminé, j’ai failli me pisser dessus tellement j’étais soulagé.
Alors j’ai eu mes critiques.
Evidentes.
Mais mon prof m’a aussi dit que ne pas m’être dégonflée pour passer cette semaine, c’était courageux (Mutig, en allemand dans le texte).
Et mes petits camarades m’ont dit qu’ils me respectaient pour avoir fait cet effort, et qu’à ma place, ils auraient lu intégralement leurs notes.
En fait les Allemands, ce sont des gens bien.
Mais pourquoi faut-il qu’ils déclinent les mots, hein ?
2 commentaires
omg, Camille ton article est enorme!! t’es trop forte d’avoir fait ton expose, et trop forte dans ta facon de le raconter!! j’adore
Meuh si tu es courageuse et tu vois qu’ils ont été indulgents 😉 Voilà sinon je DETESTE les powerpoint animés qui font perdre un temps fou car y’a toujours un moment où le type appuie TROP et ensuite il veut revenir en arrière et il faut se taper toute l’animation à nouveau. Je ne parle même pas des textes qui tournicotent, font 3 petits tours et puis s’en vont, les gens on est plus chez Guignol ! (ton formulaire me propose de m’appeller « christopher cross », je me questionne là…)
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