Le Journaliste.
Curieuse espèce particulièrement adaptable qui privilégie le contact social fréquent, mais bref, et prétend que cela fait partie du boulot de se mêler à la vie locale (qui, bien entendu, se déroule pour l’essentiel dans le café face à la rédac’) la pire chose qui puisse lui arriver étant de ne plus avoir de batterie sur son téléphone portable.
Le journaliste passe sa vie au téléphone.
A grappiller des informations chez les flics ou les pompiers, à harceler un contact qui avait promis de rappeler et a évidemment trouvé mieux à faire, ou à prendre des rendez-vous scrupuleusement notés dans la Bible, qui n’est rien de plus que l’agenda de la rédac. Car comme toute caste professionnelle, le Journaliste a son jargon. S’il vous parle de cartons, ce n’est pas parce qu’il déménage. Allez, je suis sûre que vous êtes joueurs… Je vous laisse deviner. Le gagnant pourra se vanter de faire jargon journalistique 3ème langue.
Le Journaliste est un drogué du boulot.
Tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend est matière à papier. Il en rêve la nuit, il y pense en se brossant les dents, il y réfléchit déjà pendant que vous lui parlez. La première chose qu’il fait en arrivant au boulot, c’est allumer son ordinateur. La première chose qu’il fait en rentrant chez lui, c’est allumer son ordinateur. La preuve.
Et puis le Journaliste fait de la déformation professionnelle. Il prend des notes sur tout. Il cause comme il écrit, avec des phrases nominales partout. Tout à l’heure, j’ai failli me présenter à la secrétaire de mon toubib comme je m’annonce quand j’appelle quelqu’un pour le journal, genre « Bonjour, ici Trucmuche, du Canard ligoté! »
Les photographes s’adressent aux stagiaires en commençant par « alors, toi aussi tu es maso, tu veux devenir journaliste? »
Et le pire, c’est qu’ils n’ont pas tort.
Il faut bien être maso pour accepter de commencer à une heure indéterminée, sans savoir à quel heure la journée va se terminer, vadrouiller à droite à gauche en permanence après 50 événements différents, ou au contraire à la recherche désespérée d’un sujet pour remplir vos colonnes, avec l’obligation quoi qu’il en soit de sortir un papier pour le lendemain. Si, un jour, vous voulez vous débarrasser d’un importun qui meurt d’envie de vous raconter sa vie, un bon conseil : dites-lui que vous êtes journaliste. Les gens se referment comme une huître.
Rectification : le pire, ce n’est pas que journaliste soit un métier de fous. Le pire, c’est peut-être qu’au final, ça me plait bien.
1 commentaire
hey! je suis bien contente de voir que ca te plait! tu me donnerais presque envie d’essayer de voir à quoi ressemble cette fourmilliere! tu me redonnes de l’espoir ^^