Alors que j’écris ces lignes, Bob Iger qui devait transmettre son rôle de CEO à Bob Chapek, a repris du service à la barre de la Walt Disney Company pour l’aider à gérer la crise du coronavirus. Le genre de rebondissement dont son autobiographie (mais Bob Iger lui-même insiste pour qu’il ne s’agisse pas de mémoires) nous assure qu’il est coutumier dans sa carrière…
Biographie de Bob Iger

Robert Allen Iger est né en 1951 à New York. Sa mère était professeur, son père, dont il décrit l’influence forte sur sa vie, était un vétéran de la Navy aux mouvements d’humeur fluctuants qui ne vivait pas très bien sa carrière de cadre en marketing et publicité. Bob Iger se décrit comme à l’opposé d’un élève brillant, mais un travailleur acharné.
Il devient CEO de la Walt Disney Company en 2005, à la suite de Michael Eisner, après une longue carrière dans les médias : d’abord en tant que présentateur météo, puis il rejoint ABC en 1974 en tant qu’assistant, avec ce que cela implique à la fois comme expériences humiliantes mais aussi comme précieuse connaissance de tous les métiers liés au milieu de la télévision. Il gravit peu à peu les échelons jusqu’à devenir Président et COO de Capital Cities/ABC, racheté par Disney en 1996.
Source de la photo : Angela George / CC BY-SA
The ride of a lifetime : biographie ou leçon de leadership ?
The ride of a lifetime raconte la carrière de Bob Iger avec un éclairage sur les leçons de management et de leadership que son expérience lui a apportées. L’ouvrage débute sur les 10 valeurs essentielles pour un leader selon Bob Iger (lues par Bob en personne si vous optez comme moi pour la version audiobook) et se conclut sur son récapitulatif des grandes leçons que chacune des expériences narrées illustre. Le reste de l’ouvrage est narré par Jim Frangione.
L’introduction s’attarde un long moment sur l’attentat de 2016 dans une boîte gay à Orlando, puis sur un incident impliquant un jeune enfant dévoré par un alligator dans un hôtel du Walt Disney World resort, et les mesures de sécurité prises suite à ces tragédies pour les visiteurs et le personnel du parc. Cette introduction très triste fait prendre toute la mesure des responsabilités du CEO.
Après un récit rapide de sa jeunesse, Bob Iger raconte ses premières expériences professionnelles, avec un focus sur les différentes personnes qui l’ont encadré et leur mode de leadership. Parmi ces personnes, évidemment, figure Michael Eisner. On suit d’abord ses années les plus glorieuses à la tête de Disney, puis sa déchéance, ses différends avec Roy Disney (fils du frère de Walt Disney, également prénommé Roy), et un départ peu glorieux.
Bob doit alors justifier devant le board qu’en tant qu’ex-numéro 2 de Michal Eisner, il est un successeur qui ne reproduira pas les mêmes erreurs (notamment une forte tendance au micromanagement).
Les 50% de l’ouvrage restants sont consacrés aux différentes acquisitions qui émaillent la carrière de Bob : celle d’ABC qui permet à Bob de rejoindre Disney, et celles qu’il conduit lui-même à la tête de la Walt Disney Company. Pixar, Marvel, Lucasfilm qui fait définitivement rentrer Star Wars et Indiana Jones dans l’empire Disney… Pour chacun de ses coups d’éclat, Bob Iger déploie des trésors de diplomatie pour traiter avec des fortes personnalités comme Steve Jobs, George Lucas ou encore Avi Arad.




Les 10 valeurs essentielles d’un leader selon Bob Iger
Mais outre son intuition (presque) sans faille pour des campagnes d’acquisition à succès, ce qui caractérise Bob Iger avant tout, c’est la recherche de l’innovation et son attachement à des valeurs humaines qui ont fait son succès en tant que manager aussi bien que dans ses négociations avec les dirigeants des sociétés que Disney a rachetées :
- Optimisme et enthousiasme : aucune équipe n’est motivée par des défaitistes.
- Courage et capacité à prendre des risques : une nécessité pour innover, faire des investissements fructueux et prendre des décisions efficaces dans les domaines créatifs
- Concentration : focaliser son temps, son énergie et ses ressources sur les stratégies, problèmes et projets à la plus forte valeur. Il est important de communiquer ses priorités clairement et souvent
- Faire preuve d’esprit de décision : les leaders doivent encourager la diversité d’opinion, ce qui peut parfois faire obstacle à des prises de décision rapides. C’est au leader de trancher, en communiquant ses priorités souvent et de façon claire. L’indécision chronique qui est néfaste pour le moral des équipes
- Curiosité : pour découvrir de nouvelles personnes, endroits et idées et être conscient des dynamiques changeantes du marché
- Impartialité : il faut savoir traiter ses employés avec empathie et leur rester accessible, et parfois laisser une deuxième chance aux personnes qui le méritent. Il n’y a pas d’innovation sans droit à l’erreur !
- Prendre le temps de développer des opinions informées : acquérir de la connaissance pour qu’une décision soit plus susceptible d’être correcte et crédible
- Authenticité : invite au respect et à la confiance
- Poursuite de la perfection : à ne pas confondre avec le perfectionnisme, mais à comprendre comme un refus de la médiocrité. Si l’on croit que quelque chose peut être amélioré, alors il faut déployer les efforts nécessaires pour le faire
- Intégrité : le succès d’une compagnie dépend des hauts standards éthiques qu’elle se fixe, que ce soit pour de petits détails ou de grands projets.