Une des raisons pour lesquelles vous me lisez moins fréquemment sur ce blog, c’est parce que tout mon temps de « lecture » est consacré à cette biographie. J’emploie des guillemets parce qu’il s’agit davantage d’écoute que de lecture : j’ai choisi de télécharger Walt Disney: The Triumph of the American Imagination en audiobook, et en anglais. L’équivalent de 912 pages en livre audio, cela représente tout de même plus de 33 heures d’écoute, auxquelles je me suis adonnée sur mon trajet domicile-travail.
Qualité de l’audiobook
La version audiobook m’a évidemment privée des photos incluse dans la version papier, et je me suis retrouvée à rechercher des images en ligne assez fréquemment au cours des chapitres, mais la lecture par Arthur Morey compense merveilleusement ce léger inconvénient.
J’ai eu peur que mon niveau d’anglais ne suffise pas à suivre de bout en bout l’imposant ouvrage, mais la voix claire et posée du lecteur (j’ai d’ailleurs appris en rédigeant cet article qu’il avait été maintes fois récompensé en tant que narrateur de livres audio, et c’est sans doute amplement mérité) m’a facilité la tâche.
J’ai parfois été déçue par des mauvais rythmes de lecture, avec des pauses au mauvais endroits qui compliquent la compréhension : ici la lecture est fluide et sans monotonie, y compris durant les fastidieux passages où l’auteur s’attarde sur les difficultés financières auxquelles Walt Disney a été confronté régulièrement tout au long de sa carrière.
Une biographie détaillée

Walt Disney en 1946
Vous vous doutez qu’un ouvrage aussi long se doit d’être quasiment exhaustif, et c’est réussi. Enfant imaginatif brimé par son père strict et colérique, à son tour père aimant mais peu disponible, entrepreneur visionnaire, toutes les facettes de sa personnalité complexe sont abordées, avec un focus important sur l’histoire des studios Disney puis sur la création de Disneyland.
Les polémiques (Walt Disney était-il raciste, misogyne, antisémite ?) ne sont pas évitées mais on ne s’y attarde pas non plus lourdement. Neal Gabler fait la part entre les rumeurs, les reproches justifiés et les déclarations malheureuses amplifiées.
On apprend notamment que Walt Disney a bien déclaré dans une interview que les femmes n’avaient pas d’humour et répondu à un éditorialiste que s’il pensait qu’elles étaient dotées d’un sens de l’humour, il aimerait bien être dans le coin au moment où il expliquerait à un membre du sexe faible pourquoi il revenait à deux heures du matin après une partie de poker.

Walt Disney accompagné de sa femme Lilian et de ses deux filles, Diane et Sharon
Une chose est claire : il ne portait certainement pas les communistes dans son cœur, après avoir fait les frais d’une grève au début des années 40 qui a changé significativement la confiance de Walt Disney en ses employés et eu un impact fort sur l’ambiance au sein des studios. De patron paternaliste, il devient un employeur tyrannique et se désinvestit progressivement de l’animation qui a fait son succès pour s’impliquer passionnément dans la construction de Disneyland.

Walt Disney avec les plans de Disneyland en 1954
Son portrait n’en est pas moins celui d’un homme attachant, perfectionniste et obsédé par le contrôle, mais habité d’un enthousiasme enfantin et d’un dévouement sans faille pour les projets qui lui tiennent à cœur, persévérant et déterminé en dépit du scepticisme de sa famille ou des investisseurs.
Bref, c’est un portrait humain qui est tiré de Walt Disney, ni idéaliste ni dépréciatif, et sans ignorer tous les personnages qui ont participé à ses succès ou ses échecs : sa femme Lilian, son frère Roy qui l’a soutenu dans la misère comme dans la réussite, l’animateur Ward Kimball qui lui a communiqué sa passion des trains, le vieil ami Ub Iwerks avec lequel il a fondé son tout premier studio…

De gauche à droite : Ub Iwerks, Roy Disney et Ward Kimball
2 commentaires
Il faudrait que je me plonge un peu dans l’histoire de Disney. J’avoue que j’aurais une préférence pour une histoire de l’entreprise en général plus que de son fondateur (la grève dont tu parles m’intéresse, quelqu’un a-t-il écrit « une histoire populaire de Walt Disney »?), mais pourquoi pas les deux. Certaines personnes ayant travaillé chez Disney semblent mériter des bios à eux tout seuls. Il faudra que je cherche ça. Article intéressant en tout cas, merci.
En effet, il y a des employés Disney dont l’oeuvre ou l’impact sur « l’empire » vaut bien une biographie. D’ailleurs l’autre jour je suis passée devant un magasin dédié au cinéma qui proposait une biographie d’Ub Iwerks et les premiers « Alice » qui mélangent film et animation…