Avez-vous déjà lu une quatrième de couverture qui vous a immédiatement fait apparaître l’image d’un proche et fait penser que c’était exactement le type de livre susceptible de lui plaire ? C’est exactement ce qui m’est arrivé pour Tous nos contretemps, dont l’intrigue criait « Je suis un livre pour Charles ! ».
Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive, et vous vous souviendrez peut-être de mon peu d’enthousiasme pour le Guide de survie pour le voyageur du temps amateur.
Et à vrai dire, je m’en rends compte au moment où j’écris ces mots, ce dernier et Tous nos contretemps ne manquent pas de points en commun : un personnage au complexe d’Œdipe mal digéré, avec un père inventeur génial mais négligeant et une mère effacée, du jargon scientifique en pagaille.
Tous nos contretemps en revanche, malgré les réalités alternatives qu’il développe, reste plus simple à suivre et conserve plus longtemps l’intérêt du lecteur avide de connaître la résolution des problèmes et dilemmes inextricables de son héros.
Et Dieu sait qu’il a un don pour les provoquer. Tom Barren est un loser, qui se complaît dans l’échec, prend un malin plaisir à en accuser les autres (de préférence, son père) et sabote plus ou moins consciemment sa carrière aussi bien que ses relations sentimentales et familiales. Et si « parfaite en tout point » que semble être l’héroïne, elle aussi porte la responsabilité d’échecs qu’elle vit comme des injustices. On ne peut certainement pas accuser l’auteur de ne pas avoir construit des psychologies réalistes pour ses personnages…
Malheureusement, au moment de l’intrigue où il entame enfin une progression, j’avais perdu toute patience pour les élucubrations et complaintes incessantes du héros. Probable que les descriptions verbeuses de l’univers dans lequel il évolue, qui forcent l’admiration tant on sent qu’il a été pensé dans ses moindres détails, mais n’apportent que peu de choses à l’évolution de l’histoire et du personnage principal, aient joué leur rôle dans l’érosion de mon intérêt.
Je suis néanmoins restée curieuse de savoir ce qu’il adviendrait des protagonistes, mais la conclusion m’a laissé une impression de « tout ça pour ça ». Dommage, Elan Mastai (dont il me faudrait sans doute préciser avant la fin de cette critique qu’il est le scénariste du film What if, avec Daniel Radcliffe) avait dans ce premier roman des idées intéressantes pour lesquelles il a peut-être creusé un peu trop profondément…
J’aime beaucoup les histoires ayant des intrigues de voyages temporels. C’est une des choses qui m’a le plus fait rêver depuis l’enfance.
Cette histoire n’est pas tant une histoire de voyage dans le temps qu’une histoire de paradoxes temporels, l’idée que l’auteur soit déjà au courant de ce qui arrive mais effectue la narration dans l’ordre chronologique est intéressante dans ce cas précis.
L’idée que notre réalité actuelle n’est qu’un monde alternatif advenu à cause d’une gaffe du héros, Tom, est plaisante car l’auteur prend le temps de donner corps à ce monde (alternatif, faut suivre un peu).
De plus, les errements de Tom, un loser se complaisant dans cette perspective parce qu’il a toujours été dans l’ombre de son génie de père, sont étrangement assez cools à lire.
Le miroir déformé de cette nouvelle réalité où l’accident temporel l’emmène permet à Tom, râleur émérite de se retrouver dans les baskets d’un génie, une version alternative de lui-même ressemblant un peu à ce que son père représente.
Le roman a pour moi 2 actes plaisants à lire mais le troisième acte devient assez confus et la conclusion est assez foireuse. Pourtant il est rempli d’idées de SF novatrices, le côté romance est réussi même si le point de vue de l’auteur sur les personnages féminins est assez discutable…
Il pourrait faire un excellent film avec Daniel Radcliffe.
Merci à Netgalley France et aux éditions Bragelonne qui m’ont permis de recevoir à titre gracieux l’ebook dont vous venez de lire la chronique !