Une amie me faisait part, il y a peu, de son impression selon laquelle la rentrée littéraire cuvée 2013 était fort terne, sans champion qui se distinguait. Ce n’est pas avec Rome en un jour que j’ai lu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire PriceMinister-Rakuten, que je vais pouvoir m’inscrire en faux contre ce point de vue.
J’en suis parfaitement navrée parce que des douze ouvrages et autant d’auteurs en compétition, j’avais placé tous mes espoirs en Maria Pourchet dont c’est le deuxième roman après Avancer paru en 2012.
On m’annonçait du rire à chaque page, je m’attendais à une chronique mordante du couple moderne, et on ne peut pas reprocher à la romancière qui nous préoccupe aujourd’hui de ne pas avoir les dents acérées lorsqu’elle croque le portrait de Marguerite, compagne de Paul qu’elle essaie désespérément de faire quitter son canapé pour rejoindre la fête surprise à laquelle elle a invité tous leurs amis pour son quarantième anniversaire. Hélas, Paul est davantage disposé à en découdre avec Marguerite qu’à abandonner son poste de télévision.
En parallèle, on suit les discussions des invités susnommés, et il ne reste que la famille comme institution qui n’en prend pas pour son grade entre les bassesses des collègues, les trahisons des amis, les snobismes parisiens et l’ego des célébrités. De tous les personnages brossés, il n’en est qu’un qui m’inspire un minimum de sympathie, et c’est précisément celui qui est loyal et un brin pathétique dans ses vaines tentatives de se rendre aimable. Peut-être aussi pour son monologue qui inaugure le roman, bel exemple de la plume percutante de l’auteure qui se rappelle fréquemment à la mémoire du lecteur dans la narration, et qui m’avait laissé espérer bien plus de plaisir à la lecture (c’était après tout une façon originale et efficace de poser le décor). Pour tout vous dire, ce qui m’a le plus amusée dans ce livre, c’est la plaisanterie qui conclut ledit monologue très axé horticulture, sur la présence de six troènes sur la terrasse – comme les voitures. Et le jeu de mot ne volant pas bien haut, c’est vous dire à quel point je n’ai pas trouvé l’intégralité du roman si drôle que cela.
J’accorde à Maria Pourchet un bon point pour ne pas avoir cédé à la facilité en plaçant toute la responsabilité de l’échec du couple sur l’homme – bien que cette histoire sente un peu trop le vécu et la rancoeur pour qu’il ne s’agisse pas d’un règlement de compte exprimant des non-dits restants avec un ex un peu goujat. Mais j’éprouve quelques difficultés à pardonner les poncifs et tout particulièrement le final sans surprise après révélation de la traditionnelle perte de libido de la femme.
Je donne donc une note de 11 sur 20 à Rome en un jour. Pour l’écriture, fluide et spirituelle, mais pas pour l’intrigue, prévisible, ni pour le ton, trop cynique.
Merci quoi qu’il en soit à PriceMinister-Rakuten de donner cette opportunité aux blogueurs littéraires de désigner leurs favoris (Rome en un jour avait été sélectionné par Clara) et de m’avoir fait découvrir une nouvelle romancière française à laquelle je ne manquerai pas de donner une nouvelle chance, ne serait-ce que pour son style.
3 commentaires
j’ai noté plus sévèrement que toi !
je lui en veux de mettre son talent à décrire des gens aussi nuls!
j’ai bien aimé ta critique et j’ai mis un lien vers ton blog
Luocine
Je viens de lire ta critique sur ton blog, on est sur la même longueur d’ondes. J’avais moi aussi très envie d’être séduite par ce livre comme à chaque fois que je reçois quelque chose à tester, mais honnêteté intellectuelle oblige, il faut bien avouer que cela n’a pas été le cas cette fois. Cela me rassure en tout cas de voir que je n’ai pas été la seule, j’avais peur d’avoir été trop dure avec ce roman. Merci donc pour ta critique et ton lien !
[…] première expérience des Matchs de la rentrée littéraire, c’était avec Rome en un jour de Maria Pourchet. Je ne suis fort heureusement pas restée sur ce pénible souvenir et j’ai répondu présent […]