Il se trouve que ces derniers temps, mon travail m’a amenée à réfléchir en profondeur sur la question du vieillissement, aux limites qui s’imposaient auparavant aux personnes d’âge mûr et que les progrès de nos conditions de vie comme l’évolution des mentalités permettent de repousser.
Ces réflexions s’alignaient parfaitement avec le thème phare du roman de Christine Jusanx (qui selon mon enquête, ne semble pourtant pas appartenir à la même génération que sa protagoniste principale) : et si tout compte fait, le passage des années pouvait nous libérer ?
On ne peut s’empêcher de vieillir mais on peut s’empêcher de devenir vieux. (Henri Matisse, cité dans le roman)
Il est toujours plaisant de lire d’autres voix dans les romans, et je salue l’initiative de donner le premier rôle à une sexagénaire en lui donnant des envies, des projets, des passions qu’elle assume sans se soucier du qu’en dira-t-on.
J’aurais aimé, néanmoins, lui trouver quelques défauts attachants ainsi qu’aux hommes qu’elle rencontre (tous pleins de charme, séduisants en diable et incapables de voir clair dans leur vie sans l’avis de la très expérimentée Jeanne), pour éviter le côté « héroïne Harlequin du troisième âge ». Dommage d’ailleurs de donner tant de place aux hommes et si peu aux amies de Jeanne, entre autres, quand on devine dans l’hommage à sa grand-mère quelque chose de très personnel de la part de l’auteure.
Quelques contradictions et maladresses stylistiques viennent plomber ce premier roman : je ne suis pas sûre d’avoir envie de croiser des « enfants aux sourires et aux yeux plus grands qu’eux », par exemple.
On met longtemps à devenir jeune est un roman à la façon d’un journal intime, très introspectif, qui s’inscrit dans la lignée des films ou romans dont les personnages s’attachent à remplir les objectifs de leur life list.
Mais qu’est-ce que vieillir ?
Est-ce vraiment devenir sage ?
N’est-ce pas plutôt simplement pouvoir enfin relativiser toute chose ? En ayant appris à tirer les enseignements du passé. En ayant envie de transmettre ces leçons que l’existence vous a données et de partager le meilleur maintenant que les enfants ont grandi et se sont éloignés pour vivre leur vie.
Merci aux éditions Michel Lafon qui m’ont permis de télécharger cet e-book gracieusement via Netgalley !