C’est un beau livre dont l’intrigue se place quelque part entre le roman d’aventures, l’épopée historique et la romance exotique que nous offrent les éditions Héloïse d’Ormesson avec Le Monde flottant.
Son auteur et son héros ont pour point commun leur nationalité écossaise : vous connaissez ma passion pour le Japon et ma fascination pour les geishas, je suis partie en Écosse cet été, il ne m’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité.
Il ne manque à ce superbe et massif ouvrage de quelques 544 pages que quelques photos d’époque pour soutenir notre imagination. À défaut, il faudra se contenter d’une photo d’un gentleman vieillissant aux favoris respectables, dénichée sur Wikipedia, qui ne fait écho qu’à la dernière partie du roman. Car l’histoire narrée avec un certain lyrisme par Alan Spence est bel et bien basée sur des faits réels.
Homme à femmes, homme d’affaires précurseur ayant contribué au succès de la firme Mitsubishi et du développement du chemin de fer au Japon, diplomate à ses heures, Thomas Glover a eu une destinée exceptionnelle.
Si l’auteur a sans doute accepté sans sourciller dans son roman des rumeurs dont certaines sont à prendre avec des pincettes, en l’absence de preuve avérée (son appartenance à la Franc-Maçonnerie, par exemple), ne doutez pas de l’ampleur de ses exploits et de son implication dans le tournant décisif de l’Histoire du Japon qui l’a fait basculer dans la modernité et l’occidentalisation.
Si le souffle épique des premières aventures de Thomas Glover au Japon tend à s’épuiser dans la dernière partie du livre pour laisser place à ses infortunes familiales (qui tiennent le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages), la poésie et le romantisme, eux, sont constants. Si vous avez aimé Geisha d’Arthur Golden, Le Monde flottant saura vous séduire dans un style bien plus réaliste, tout en vous emportant dans une tranche d’Histoire japonaise pleine de rebondissements et de feu.
Un grand merci aux éditions Héloïse d’Ormesson qui m’ont fait parvenir un exemplaire traduit en français par P. Giraudon de ce livre, dans le cadre de l’opération Masse Critique de Babelio !