Dans la série des sujets qui me fascinent, le chamanisme tient une bonne place. Et dans chacun des ouvrages que j’ai lus, de Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull à Femmes chamanes, je retrouve des noms connus, comme un cercle de chamanes françaises qui partagent leurs expériences, avec en tête de liste Corinne Sombrun qui semble avoir généré bon nombre de vocations, et la chamane mongole Enkhtuya en initiatrice.
Le livre dont il est question aujourd’hui et la trajectoire de son auteure ne font pas exception.
Qui est Brigitte Pietrzak ?
Musicienne et artiste peintre née en France et d’origine polonaise, Brigitte Pietrzak s’est intéressée à la spiritualité très tôt, notamment à la tradition bouddhiste et au zazen selon l’école de Taisen Deshimaru. C’est en lisant Corinne Sombrun et Laetitia Merli qu’elle commence à se pencher sur le chamanisme. Elle part alors s’initier en Mongolie aux côtés de la chamane Enkhtuya. Brigitte Pietrzak est également créatrice du groupe Facebook « Qu’est-ce que le chamanisme ? ».
— La chance ne serait-elle rien d’autre qu’un apport d’énergie supplémentaire ?
— Les chamanes ont cette faculté de la recevoir et de la redistribuer. Un chasseur d’étoiles ne chasse pas pour lui-même, mais pour le bien des autres.
De quoi parle Voyages chamaniques, rencontres remarquables ?
Je suis habituée à la diversité des présences que l’on rencontre dans l’invisible. Les plus intimidantes ne sont pas forcément les moins attachantes et les moins efficaces pour transmettre leur vitalité et leur sagesse.
La monstruosité nous teste, pour voir si nous sommes en mesure d’abandonner nos peurs pour l’approcher.
Comme son titre l’indique, Voyages chamaniques, rencontres remarquables est une transcription des échanges de Brigitte Pietrzak avec différents esprits lors de ses expériences en tant que chamanes, sous forme de dialogues avec la pensée de l’auteure et autres humains en italiques, et ce qu’expriment les esprits en caractères romains normaux.
Mon plus grand regret, que j’espère que l’éditeur prendra en compte et rectifiera (peut-être un souci technique dans la version que j’ai téléchargée ?), c’est que ma lecture a été compliquée par de très nombreux problèmes de mise en page : des F disparus, des espaces manquants entre les mots…
Heureusement, l’envie de recevoir les perles de sagesses des esprits-animaux (de la fourmi au loup en passant par le cerf) et autres entités surnaturelles l’a emporté sur la contrariété.
Dans la nature, l’entraide est partout. Ce ne sont pas forcément les plus forts qui survivent, mais ceux qui ont bénéficié de la solidarité de leur groupe.
Les leçons de la nature pour l’humanité d’aujourd’hui
Souvent chez les humains, il faut sacrifier quelque chose pour envisager un vrai changement. Nous rendons, à tort, la douleur nécessaire à toute renaissance.
— Vous avez aussi l’habitude de valoriser votre agitation en la confondant avec de l’efficacité. Nous, nous agissons à bon escient quand il s’agit de saisir nos proies. Nous savons économiser nos forces. Nous pouvons survoler longtemps notre territoire avant de décider de piquer vers le sol, profitant des courants chauds ascendants pour planer sans effort.
Obsession de la productivité, angoisses liées à la crise sanitaire ou encore inquiétudes liées à l’impact négatif de l’humanité sur l’environnement, les messages de l’invisible que la chamane a pour mission de nous transmettre sont ancrés dans nos préoccupations actuelles. Si le surnaturel vous laisse sceptique, il est toujours possible de lire les échanges chamaniques de Brigitte Pietrzak comme des fables ou des considérations philosophiques qui peuvent nous permettre de vivre plus sereinement notre époque anxiogène.
L’aigle déploie ses ailes et me montre qu’il n’est pas nécessaire qu’elles battent constamment pour se diriger. Seul le vent l’invite à multiplier ses battements.
— Tu es un bel exemple de lâcher-prise. Tu ne creuses pas le ciel, mais tu laisses au contraire l’espace venir à toi.
— L’air me porte et je peux agir avec confiance sans me soucier de mes déplacements. Je suis toujours dans le présent et jamais dans l’anticipation, ou à chercher de forcer les choses.
De l’universalité dans la spiritualité
Dans les messages rapportés par Brigitte Pietrzak, il y en a qui m’ont rappelé mes lectures sur les rêves lucides :
Je lutte avec l’inconscience pour qu’elle ne m’emporte pas. Je me raccroche aux paroles du hibou pour voyager consciemment dans les mondes parallèles. Réussir à faire que nos nuits soient aussi vivantes que nos jours est un exercice en soi. Je traverse des paysages inconnus, les images se chevauchent, aussi fortes qu’éphémères. Jusqu’au moment où je suis réveillée par le hululement du hibou.
— Tu es allée très loin cette nuit. As-tu le souvenir de ton grand voyage ?
— Des impressions me reviennent par bribes, comme des flashs dans ma mémoire : l’ascension d’une colline, une panthère tout en haut d’un arbre, un fruit juteux que j’ai croqué à pleines dents.
— Ce n’est pas l’histoire qui compte, mais le ressenti qui a nourri ton âme.
Ou encore ce passage sur le lâcher-prise qui fait pour moi écho à la carte du Fou en tarots :
— Notre mental veut tout maîtriser et tire satisfaction de ce besoin de contrôle. Vivre ne devrait pas se résumer à remplir un cahier des charges.
— Tu te cherches jusqu’au moment où tu t’ouvres à quelque chose de plus grand que toi et que tu découvres que ce n’est plus toi qui fais. Tu participes alors à ce qui t’animes dans la confiance et la joie.
— Est-ce cela qu’on appelle le lâcher-prise ?
— Ce n’est certainement pas un exercice mental tel qu’on l’entend. C’est plutôt de l’ordre du saut dans le vide.
— Dans quelle mesure trace-t-on soi-même sa route ?
— Tu la dessines à ton rythme, en assumant les expériences qui se présentent à toi. Tu as le choix du tracé et du temps qu’il te faut pour y arriver.
Être cartésien n’empêche en rien de tirer des leçons de sagesse populaire et ancestrale dans des traditions occultes ou ésotériques, qui somme toute comme les contes, légendes et mythes sont basés sur des symboles et archétypes et visent à nous donner des clés de compréhension de notre univers.
Retrouver des valeurs communes au chamanisme et aux tarots, c’est faire le constat qu’il reste encore des leçons universelles à apprendre de la nature, de notre subconscient et peut-être d’une conscience collective de l’humanité que toute notre modernité et nos progrès scientifiques n’ont pas encore suffi à rendre obsolètes.
J’ai reçu gracieusement cet e-book en échange de sa chronique grâce à Netgalley et à Mama éditions.